TAIZÉ

Rencontre de Bruxelles

Quelques extraits de la presse écrite

 

« L’Europe solidaire » de Taizé à Bruxelles

Le Monde : 30 décembre 2008

Philippe Ricard, Bruxelles

L’atomium scintille dans la nuit glacée. A deux pas de là, des milliers de jeunes ont répondu à l’appel de la communauté de Taizé pour une prière du soir dans un grand hall chauffé du Centre des expositions de Bruxelles. La trente et unième rencontre internationale des Frères de Taizé, qui se tient chaque année entre Noël et le jour de l’An, s’est ouverte lundi 29 décembre et doit durer jusqu’au 2 janvier. Après Genève l’an dernier, Zagreb ou Milan, c’est une première pour la capitale belge, dont la vocation européenne donne un écho particulier au rassemblement.

Les participants d’Europe de l’Est sont en force. 10 000 Polonais inscrits sur les 40 000 personnes attendues, à peine 2 000 Français. La quasi-totalité des participants sont logés dans des familles de la région, souvent à deux ou trois par foyer. D’abord hésitantes, les paroisses catholiques, protestantes et orthodoxes se sont mobilisées au fil des semaines. Quelques familles musulmanes s’y sont mises aussi. "C’est une façon extraordinaire de croiser d’autres croyants, d’autres nationalités, sans faire le tour de l’Europe", observe Christina, une jeune Hongroise arrivée de Budapest après une nuit de car. Avant la prière, elle passe une partie de la soirée à distribuer des sachets repas dans un hangar où l’on dîne assis par terre.

… Deux commissaires européens, le Français Jacques Barrot et le Slovaque Jan Figel, doivent participer aux débats. Ces rencontres sont "une bonne façon d’approcher un projet souvent mal connu", observe Jean-Baptiste, un étudiant breton. Mondialisation, crise financière, culture... différentes conférences, dont une dans les locaux du Conseil économique et social européen, sont prévues autour du thème de la "confiance", cher aux Frères de Taizé …

Pour le Père Henri Madelin, du Service européen des jésuites, le choix de Bruxelles est une heureuse coïncidence à quelques mois des élections européennes de juin : "Cette cité est au coeur d’une grande utopie de la solidarité, qui retentit non seulement en Europe, mais aussi dans le reste du monde", dit il, "les jeunes sont parmi les plus éloignés du projet européen, ces rencontres peuvent les en rapprocher".

Taizé : 40 000 jeunes réunis contre la morosité

Le Figaro : 29 décembre 2008

Jean-Marie Guénois

Soutenu par le Pape, le « pèlerinage de confiance » organisé cette année à Bruxelles par la communauté œcuménique appelle les croyants à « dépasser les cloisonnements de nos sociétés ».

En plein doute mondial, Taizé ose « la confiance ». Et réunit 40 000 jeunes lundi matin jusqu’à vendredi 2 janvier, à Bruxelles pour le 31e « pèlerinage de confiance » que frère Roger, fondateur de cette communauté chrétienne œcuménique, assassiné en 2005, avait lancé sous la forme d’un rassemblement international de fin d’année dans une capitale européenne.

(…) Dans l’esprit de ses organisateurs, ce rassemblement annuel à géographie européenne se veut mondial. Il a été précédé, en novembre, par une rencontre au Kenya, avec 7 000 jeunes issus de 15 pays africains. Une occasion, pour frère Alois, le successeur de frère Roger, d’écrire la traditionnelle « lettre de Taizé », cette année une « lettre du Kenya ».

Cette longue méditation de frère Alois va ponctuer la rencontre de Bruxelles. Les jeunes seront invités à réfléchir à une question centrale : « De quelle source vivons-nous ? (…) Y aurait-il un lien entre cet effacement de la foi et la perte du goût de vivre ? Comment désensabler en nous la source ? » Quatre étapes leurs sont proposées « assumer notre existence, entraînés vers un dépassement, s’entraider à quelques-uns pour approfondir la foi, dépasser les cloisonnements de nos sociétés ».

Dans un message que les participants trouveront à leur arrivée, frère Alois cherche à encourager les jeunes : « Tous peuvent participer à une civilisation marquée non par la méfiance mais par la confiance. Dans l’histoire, il a parfois suffi de peu de personnes pour faire pencher la balance vers la paix. Osons créer même à partir de ce qui n’est pas parfait. » …

Un temps fort aussi pour les paroisses

La Libre Belgique : 2 janvier 2009

Christian Laporte

Les paroisses et autres communautés hors de Bruxelles vivent aussi pleinement la rencontre. Un petit matin de Taizé dans le Brabant wallon.

Pas de doute, la paroisse des Saints Marie et Joseph d’Ottignies participe à la rencontre de Taizé... Un "WB 19" flanqué de la croix caractéristique qui symbolise la communauté œcuménique bourguignonne affiché sur la porte d’entrée de l’église en atteste. Et pour ceux qui auraient pu en douter encore, des refrains familiers des offices de prière de l’église de la Réconciliation rompent le silence du petit matin hivernal du dernier jour de l’année 2008. Comme dans près de 180 autres paroisses de Bruxelles et des environs, on a mis les petits plats dans les grands à Blocry, une des principales paroisses d’Ottignies-Louvain-la-Neuve qui est aussi une des cités les plus accueillantes puisque l’on offre ici le gîte et le couvert à plusieurs centaines de jeunes.

Au centre de l’église transformée avec classe par Jean Cosse, de grandes toiles orange entourent la croix-icône bien connue de Taizé et une étoile qui rappelle qu’on est toujours au temps de Noël. Lors du premier Noël de l’Histoire, Marie et Joseph n’avaient pas trouvé de place à l’auberge mais la communauté de Blocry a tout mis en œuvre pour loger dans les meilleures conditions les jeunes qui lui étaient destinés. On en attendait 105 ; ils sont finalement 88.

Une petite Europe en réduction. D’est en ouest : si la Pologne (35) et la Slovénie (25) sont les pays les plus représentés, on compte quand même aussi 10 Portugais à côté de jeunes venus de Bosnie, de Croatie et même de Grande-Bretagne... Mais en ce petit matin d’hiver, on identifie aussi des têtes connues de la paroisse, d’un peu toutes les catégories d’âges avec en prime la logistique musicale de la messe des jeunes. De fait, Taizé à Bruxelles, ce n’est pas qu’un accueil de jeunes du monde, c’est aussi un défi concret pour les chrétiens belges. …

La rencontre de Bruxelles donne aux jeunes le goût de l’engagement

La Croix : 2 janvier 2009

Sébastien Maillard

L’édition bruxelloise de la rencontre européenne annuelle de Taizé a fait découvrir aux jeunes participants la joie de prendre une responsabilité

Ils devaient être encore 40 000 jeudi soir pour prier, avant le départ des autocars cet après-midi. Une dernière prière commune sous le décor du palais des expositions du Heysel, cœur battant de la rencontre européenne des jeunes organisée par Taizé depuis lundi à Bruxelles. De l’extérieur, un lieu improbable de recueillement, face à l’Atomium, au milieu des souvenirs de l’Expo 58. Mais, sitôt à l’intérieur, avec des jeunes portant à l’entrée des panneaux « Silence », avec d’innombrables bougies scintillantes, quelques icônes et ses chants inlassablement répétés, Taizé sait recréer cette atmosphère orangée si particulière qui fonde sa liturgie œcuménique. On s’assoit par terre sous les vastes halls ici comme là-bas, dans le village bourguignon où vit la communauté fondée par Frère Roger. De jeunes enfants entourent son énergique successeur, Frère Alois, qui a pris la parole chaque soir.

… l’engagement pour les jeunes commence dès Taizé. Dans le fonctionnement même de la rencontre, qui repose sur la participation de chacun. « C’est ce que j’apprécie, témoigne Zane, 27 ans, venue de Lettonie. On vient pour la prière et tout n’est pas prêt. J’ai été responsable d’allumer les bougies ! » « J’ai mieux senti l’esprit de Taizé cette année, car j’étais plus impliquée dans la préparation », renchérit son amie Liga. Elle et son mari Kaspars ont suivi avant-hier une visite guidée du quartier européen. Mais pour ces Lettons, peu importe au final que la rencontre se soit tenue à Bruxelles : « Le plus enrichissant est de vivre chez l’habitant, de participer à la prière du soir et d’avoir quelques tâches », résume Zane, amusée de voir des Espagnols ranger en chantant.

… Au Heysel, le silence était très respecté lors des minutes – au pluriel ! – que la prière lui laisse. Recroquevillés, yeux fermés, tête baissée. Mgr Jozef de Kesel, évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles, venu midi et soir, repart avec plus d’allant pour son diocèse : « Cela me donne plein d’idées », a-t-il déclaré. Les frères de Taizé vont faire le tour des 180 paroisses, mobilisées jusqu’au 20 janvier, pour écouter ce que la rencontre a produit dans l’Église belge.

« C’est une coïncidence heureuse que cette rencontre se soit produite au moment où notre pays traverse une crise profonde, analyse le politologue Pierre Vercauteren. Cela montre à beaucoup de Belges qu’il est possible de rétablir la confiance. Pour l’Église de Belgique, c’est une bouffée d’air frais. » Chacun a observé combien était « heureux et très ému » le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, qui désirait cette rencontre à Bruxelles depuis les années 1980.

Laurence Flachon : "Une dynamique de l’amitié"

La Libre Belgique : 2 janvier 2009

Christian Laporte

La pasteure de l’église protestante du Musée à Bruxelles donne un autre regard sur la rencontre européenne de Taizé.

La rencontre européenne de Taizé à Bruxelles a presque vécu. L’occasion de se tourner vers les autres partenaires religieux de l’initiative. En terre non inconnue : la paroisse protestante de la Chapelle royale vit pleinement à l’heure de l’œcuménisme notamment avec sa voisine catholique de Saint-Jacques sur Coudenberg.

Comment l’Eglise protestante et plus encore une paroisse comme la vôtre a-t-elle vécu cet événement ?

L’Eglise protestante unie de Belgique s’est mobilisée depuis quelques mois pour participer à l’accueil des jeunes de Taizé. L’intérêt et l’enthousiasme des protestants pour la communauté de Taizé sont réels même s’ils souhaiteraient parfois que la dimension œcuménique soit plus marquée. Je suis personnellement sensible à cette liturgie sobre qui permet l’écoute attentive des textes bibliques mais laisse également la place au silence. Dans ma paroisse, ce projet a été très mobilisateur. Les familles ont ouvert leurs maisons et nous avons eu finalement plus de places que nous ne l’avions annoncé ! Dès le début nous avions proposé aux membres de la communauté de s’impliquer soit en devenant famille d’accueil, soit en participant aux activités organisées dans la paroisse et au Heysel (l’un n’excluant pas l’autre, bien entendu). Et cela a très bien fonctionné : les jeunes ont pu voir des membres de la communauté participer aux prières du matin, et le soir du 31, non seulement la plupart des familles d’accueil étaient présentes, mais d’autres paroissiens se sont joints à la fête. Je crois que nous avons tous été impressionnés par le dynamisme, la motivation et la gentillesse de ces jeunes. Nous avons eu le privilège d’être des hôtes qui ont beaucoup reçu de leurs invités !

… Comment prolonger les fruits d’une telle rencontre œcuménique sur le terrain quotidien à Bruxelles et ailleurs ?

Il faut continuer de se rencontrer et de travailler ensemble ! Cesser de penser que nous sommes seuls face aux joies et aux défis qui se posent aux Eglises chrétiennes aujourd’hui. Qu’est-ce qu’être disciple de Jésus-Christ ? Quelles sont les convictions qui nous font vivre et quelles attitudes impliquent-elles ? Que pouvons-nous dire ensemble en tant que chrétiens à propos des grands défis éthiques, socio-économiques ou existentiels de notre temps ? Toutes ces questions nous pouvons y réfléchir par des rencontres entre paroisses, des dialogues théologiques, l’organisation d’activités communes... Je crois que Taizé engendre une véritable "dynamique de l’amitié" (je pense à l’icône présente lors des rassemblements) par la rencontre humaine et spirituelle que ces rassemblements suscitent. A chacun et chacune d’entre nous de trouver le moyen "d’élargir l’espace de sa tente", pour employer une image biblique, afin de l’entretenir...

Dernière mise à jour : 7 janvier 2009