TAIZÉ

Istanbul, janvier 2013

Accueil par le Patriarche Bartholomée

 

Cher frère Alois,
Chers frères de la communauté de Taizé,
Chers jeunes pèlerins,

Nous sommes honorés de célébrer les vêpres de la fête de l’Épiphanie au Phanar avec vous, et nous sommes heureux de nous joindre à vous dans la prière avec les chrétiens de cette ville historique. Nommé d’après son fondateur, saint Constantin, ce lieu célèbre que vous visitez cette semaine s’appelait autrefois Constantinople, et s’appelle maintenant Istanbul – la plus grande ville de Turquie et la résidence du Patriarcat œcuménique.

Le Patriarcat œcuménique est le premier siège de l’Orthodoxie, et pendant les dix-sept derniers siècles, il a maintenu une présence dans la ville même fondée par saint Constantin. Saint Constantin est important non seulement pour l’Église orthodoxe, mais pour tous ceux qui ont toujours défendu – et défendent actuellement encore – la liberté de religion. Son édit de Milan en l’an 313 a contribué à donner un fondement à celui des droits humains qui permet aux gens d’exercer leur religion sans coercition ni crainte de représailles. En cette année anniversaire, nous reconnaissons que nous avons été guidés par l’édit de Milan pendant environ 1700 ans, et pourtant nous avons encore beaucoup à faire dans le domaine de la liberté d’expression religieuse.

Votre pèlerinage à l’occasion de la fête de l’Épiphanie a été organisé par la Communauté de Taizé après la rencontre annuelle à Rome, à laquelle nous avons aussi été invités à envoyer un message, ce que nous avons fait comme d’habitude avec beaucoup de plaisir. C’est un pèlerinage de confiance. Nous devons sans cesse renforcer la confiance entre nos Églises et Communautés ecclésiales, et témoigner ensemble de la présence du Christ dans le monde.

La fête de l’Épiphanie, telle qu’elle est célébrée dans l’orthodoxie, se réfère à la Théophanie – Dieu avec nous, manifesté à l’homme, la révélation de Dieu. Nous tournons nos cœurs et nos esprits vers la brillante lumière en considérant les événements de la vie du Christ dans Sa forme humaine révélée : Sa naissance, l’adoration des mages, et Son baptême par saint Jean dans le Jourdain. La célébration de cette année revêt une signification encore plus grande puisque vous la partagez avec nous, portant témoignage de l’amour du Christ et des progrès que vous faites vers la paix.

Quelle joie pour nos cœurs de vous accueillir ici aujourd’hui ! Et avec chacun d’entre vous, nous accueillons aussi l’espérance de l’unité chrétienne que vous représentez. Nous nous réjouissons de l’enthousiasme des jeunes pour le Christ et son Église, et son fidèle service. La Sainte Écriture affirme le potentiel qu’ont les jeunes dans la foi chrétienne à travers les histoires de Joseph, Esther, David, Jean, Marc et Timothée. Comme saint Paul l’a observé dans sa première lettre à Timothée : « Que personne ne méprise ton jeune âge, mais tout au contraire, sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en amour, en esprit, en foi, en pureté. » [1]

La prière du Christ en Jean 17,11 « Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous sommes un », nous laisse dans l’attente que sa prière sera un jour réalité. En aimant nos frères chrétiens, nous voulons commencer à accomplir la réconciliation œcuménique voulue par le Christ.

Les engagements à réaliser l’unité, que vous et d’autres frères de la communauté de Taizé avez pris pour toute la vie, nous donnent un exemple vivant de la façon dont nous pouvons espérer accomplir la prière du Christ dans nos relations avec les autres communautés chrétiennes. Pour cela, nous vous remercions.

La réconciliation œcuménique est l’idée forte sur laquelle la communauté de Taizé a été fondée. C’est un concept que frère Roger a fait naître dans la communauté de Taizé : que sa mémoire soit éternelle ! La réconciliation œcuménique dans son essence demande une totale humilité, une profonde sincérité et une authenticité spirituelle pour vraiment s’écouter les uns les autres. Ce sont des qualités admirables, et votre travail est un service qui inspire tant de personnes à travers les générations et à travers le monde.

Frère Alois a récemment écrit dans sa « Lettre 2012 – Vers une nouvelle solidarité » que « la prière nous conduit vers Dieu et vers le monde en même temps.1 » Ses paroles nous rappellent que ce qui semble souvent impossible aux yeux de l’humanité peut être accompli par le Christ en réponse à nos prières ferventes. Nous voyons une grande sagesse à rechercher le changement dans le monde par la prière.

En nous familiarisant davantage avec la prière comme force indescriptible et mystérieuse, capable de porter les personnes et les institutions à agir de différentes manières, nous pouvons marcher vers la paix dans l’espérance. Nous verrons un jour que la réconciliation œcuménique va être façonnée par le Divin – en réponse à nos prières prononcées en harmonie avec la prière du Christ.

Puisse chacun de vous marcher éternellement dans la « miséricorde de Dieu et la communauté de vos frères, et que Dieu achève en vous ce qu’il a commencé. » [2]

Dernière mise à jour : 22 janvier 2013