TAIZÉ

Méditation de frère Matthew

Nous tourner tout simplement vers le Christ

 
Jeudi 6 mars 2025

Bienvenue à vous tous qui êtes venus en grand nombre de différentes régions du Portugal pour prier avec nous cette semaine, alors que nous entrons dans le temps du Carême. Bienvenue également à celles et à ceux qui sont venus des États-Unis, d’Allemagne, d’Italie et d’autres pays. Votre présence compte beaucoup pour nous et nous sommes heureux de partager ces journées avec vous.

Je me souviens être venu à Taizé à cette période de l’année, il y a 39 ans, pour mon premier temps comme bénévole. J’étais étudiant. Tout rempli de bonnes résolutions pour me rapprocher du Christ et accueillir le Royaume de Dieu, j’étais bouleversé d’entendre frère Roger parler de cette période de préparation comme « quarante jours pour célébrer le pardon que le Christ nous révèle à travers le don de sa vie. »

Il m’est soudain devenu clair que la conversion personnelle ne dépendait pas de mes propres efforts, aussi louables soient-ils, et entre parenthèses, logiques selon mes propres normes, mais de me tourner tout simplement vers le Christ qui me recevait à bras ouvert et même avec joie, tel que j’étais.

Cette compréhension a ouvert quelque chose en moi. Accueillir le regard du Christ sur ma vie, m’a permis de faire face en vérité à ce que je devais déposer en lui pour être libre de pouvoir ensuite chercher de nouveaux chemins de communion auprès des personnes que j’avais blessées, à entrer plus profondément dans la prière, à rendre grâce pour l’amour que Dieu m’a manifesté en lui.

Certains d’entre vous ont peut-être pu vivre une expérience similaire cette semaine. Ce qui compte maintenant, c’est de rentrer chez soi et de continuer à vivre de ce que l’on a reçu. Ce n’est pas facile, mais ce matin, nous avons écouté l’appel du prophète Jérémie.

Jérémie a compris que Dieu l’appelait. Mais il se sentait trop jeune pour répondre à ce qui lui était demandé. Et Dieu lui a répondu : « Ne dis pas : “Je ne suis qu’un enfant”, (...) ne dis pas : “J’ai peur”, car je suis avec toi ». (Jr 1, 6-8). Et Dieu touche alors la bouche de Jérémie pour lui donner les mots qu’il devra dire. Comme pour Jérémie, le chemin qui s’ouvre à vous n’est peut-être pas facile, mais pouvez-vous le vivre dans la confiance que Dieu vous accompagne ?

Comme je l’ai noté dans la lettre « Espérer au-delà de toute espérance », Jérémie est allé plus loin. Alors que son pays était dévasté par la guerre, que ses habitants étaient menacés d’exil et qu’il était lui-même en prison, le prophète Jérémie a investi dans l’avenir : il a acheté un champ, tant il était sûr que Dieu n’abandonnerait pas son peuple (Jr 32, 6-15).

Quel champ êtes-vous appeler à acheter en signe d’espérance dans la société qui vous entoure ? Même si nous pensons être très jeunes, il y a tant de choses que nous pouvons faire, surtout si nous pouvons le faire avec d’autres.

Demain soir, venez nous rejoindre à 20 heures dans l’église pour prier en silence pour la paix dans notre monde. Il y a tant de violence dans nos sociétés et dans de nombreux pays. Des innocents souffrent des injustices de la guerre. Deux de nos frères se trouvent actuellement dans l’Est de l’Ukraine, dans le train de nuit reliant Zaporizhia à Odessa. Nous retournerons également au Liban après Pâques. Nous nous souvenons des habitants de Gaza, du Myanmar et de la République démocratique du Congo.

Une paix durable n’est pas possible sans justice pour tous, en particulier pour ceux qui souffrent. Face à ces situations, nous ne savons souvent pas quoi faire, mais se tenir en silence devant Dieu peut être un signe de solidarité avec ces personnes et exprimer notre désir de faire ce que nous pouvons pour elles. Et qui sait, peut-être qu’au cours de ce silence, nous recevrons des idées qui nous inciteront à vivre concrètement cette solidarité, à devenir des pèlerins de la paix.

À la fin de l’année, ceux d’entre vous qui auront 18 ans ou plus sont chaleureusement invités à se joindre à nous à Paris et dans la région pour notre rencontre européenne des jeunes adultes. En cette année jubilaire d’espérance, elle sera le signe de notre désir de paix et de fraternité dans toute notre diversité.

Beaucoup d’entre vous se souviennent des Journées Mondiales de la Jeunesse qui se sont déroulées à Lisbonne il y a presque deux ans. À cette occasion, le pape François avait déclaré que « Todos, todos, todos » (« tous, tous, tous ») ont leur place dans la communion qu’est l’Église. Aujourd’hui, il ne va pas très bien. Hier, j’ai écrit au pape pour lui dire que je demanderais aux jeunes rassemblés à Taizé de prier pour sa santé. Que notre prochain chant soit donc pour le pape François. Pouvez-vous continuer à prier pour lui quand vous rentrerez chez vous ?

Dernière mise à jour : 7 mars 2025